Raphaël Sorin écrivait à propos de ce livre
Pour saluer Malaquais :
La France libérée, vite oublieuse, n’avait pas pu digérer un pareil tableau de l’Occupation. Ecrit en exil, entre
Espagne et Mexique, Planète sans visa lui expédiait ses lâchetés en pleine face.
Dans le Marseille du début des
années 40, Malaquais suit la faune grouillante des réfugiés, débarqués de Montparnasse, errant autour des venelles
crasseuses du Vieux-Port… on parle le magyar, l’italien, le russe ou l’espagnol. Ils attendent un visa, pour se
tirer de l’égout collecteur de l’universelle purulence"…
Ailleurs, des pétainistes marseillais se réunissent pour préparer la venue du Maréchal. Il s’agit de pavoiser la ville
et de susciter une "liesse franche et spontanée". Malaquais épingle vite le chef régional de la Légion,
Adrien de Pontillac, avec ses boutons de manchette enjolivés de la francisque. Il le pousse dans les bras d’une
belle Hongroise et le récit repart de plus belle, allant du port au camp des Milles, charriant des vies que lie le
hasard des dénonciations ou les aléas d’affrontements sournois, menés par des flics, des trafiquants, quelques héros.
Voilà un rigodon célinien, mais sans haine, un véritable chef-d’œuvre arraché au malheur par l’un de ces "métèques" qui, comme Victor Serge ou Arthur Koestler, voulurent témoigner d’une époque peu ragoûtante.
